Eugène Rubens Alcais (1884-1963)
Sourd français, Eugène Rubens Alcais est ajusteur en mécanique automobile de profession. Il fait partie des principaux artisans de l’émergence, puis de la reconnaissance du sport silencieux national et international. Dirigeant incontournable des instances sportives silencieuses, il est également responsable de nombreuses associations militantes et promoteur du mouvement sourd français. Rubens Alcais est un personnage clé de l’histoire du mouvement sourd français et du sport silencieux international tout comme le sportsman belge Antoine Dresse.
Au début du XXe siècle, Rubens Alcais est recruté à Paris dans les établissements automobiles Laplace, après avoir quitté l’école des sourds-muets de Saint-Hippolyte-du-Fort. Il se forme peu à peu aux sports et au cyclisme en particulier.
On le retrouve dans les années 1910 à Paris, sportif de talent et actif dans la gestion du premier club omnisport pour les sourds, baptisé le Club sportif des sourds-muets, dont il devient secrétaire général en 1912 puis président en 1913. L’année suivante, il fonde le journal le Sportsman silencieux. Il en est à la fois le rédacteur en chef, le directeur et le chroniqueur.
Si l’idée de créer une organisation internationale des sports silencieux et d’organiser des Jeux internationaux date de 1920, le premier appel officiel de Rubens Alcais date de 1922. Il prend également une part déterminante dans la mise en place du premier Congrès international sportif à Paris le 16 août 1924.
Il y est décidé de la création du Comité international des sports silencieux (CISS) dont le siège est fixé à Paris et dont Rubens Alcais devient le premier président jusqu’en 1953.
Rubens Alcais, dans l’éditorial du Sportsman silencieux, explique que lors de ces premiers Jeux internationaux silencieux, « les sportifs silencieux ont obtenu les succès dignes d’une grande nation que nous sommes ». On rejoint ici l’idée qui affirmait, dès la fin du XVIIIe siècle, la dimension communautaire des sourds et la notion de « nation internationale ». Le groupe des sourds se présente comme un groupe planétaire, ce qui constitue un paradigme unique pour une communauté.
En 1931, Rubens Alcais organise le quatrième Congrès international des sourds-muets à Paris. Puis en 1933, il participe à la reconstruction de la Fédération des sociétés françaises de sourds-muets. Quatre ans plus tard, il préside le cinquième Congrès international des sourds-muets.
Il met un terme, en 1939, à son engagement militant auprès de la communauté sourde nationale en ne se représentant pas à la direction du mouvement. Il demeure, dès lors, au seul service de la communauté sportive silencieuse.
Rubens Alcais meurt à Paris à son domicile situé au 9, rue Dugommier dans le 12e arrondissement, le vendredi 8 mars 1963. Il reste à ce jour un des personnages les plus emblématiques du mouvement sportif sourd français.
Cette biographie a été rédigée par Wayan Gueret, responsable du Centre de Documentation et d'Information, et Claire Jahan, archiviste-assistante de conservation du patrimoine et des bibliothèques, sur la base d'un écrit de Didier Séguillon.